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Wilfrid Almendra - Rock Garden

2 novembre 2006 au 13 janvier 2007 - FRAC Collection Aquitaine

Pour cette première exposition monograghique, Wilfrid Almendra présente un ensemble de sculptures réalisées depuis 2001 dans tout l’espace du FRAC Aquitaine. Trois nouvelles œuvres sont réalisées et montrées à cette occasion.

 

« Lorsque je regarde vers l’ouest, je ressens quelque chose d’infini. » Led Zeppelin

À l’heure où nous parlons Wilfrid Almendra façonne inlassablement une de ses oeuvres. Comme Bernard Moitessier s’abandonnant peu à peu à la dérive, il ouvre sa voie, à la merci des éléments et contraint par ses propres forces. Il y a des aspects communs à ces deux approches de l’accomplissement au tra- vers d’un acte déterminé et indéfini.

Avec « handcrafted Trow », une série de truelles de maçon reproduit à la main avec des outils rudimentaires, Wilfrid Almendra emprunte des modèles et des formes aux process industriels, qu’il déplace dans un autre espace. En se confrontant à ses propres moyens, en choisissant un mode artisanal de confec- tion, il délimite le périmètre de son action et définit au fur et à mesure l’échelle 1 de sa sculpture.

Les heures passées à façonner ses pièces avec minutie, absorbent ses journées qui passent en quelques minutes, comme dans un excès de vitesse interminable. Cette méthodologie est au cœur du travail de W.A, elle est déterminante et initie un mouvement de retour vers le futur.

Que ce soit avec « handcrafted Trow », « Handcrafted Pickax » une pioche de terrassier, « handmade guitar bodies » des corps de guitares électriques, ou « Skateboard », une planche de Skate réalisée en marbre, Wilfrid Almendra puise dans une bibliothèque d’objets communs, issus d’univers auxquels il est sensible, des sujets et des formes qu’il met à l’épreuve d’un art fait main. Tous ces référents sont immanquablement tirés de leur chaîne de production, émergeant d’une pièce d’aluminium, d’un bloc de pierre ou d’une bûche de hêtre, ils réapparaissent au prix d’efforts considérables sous un jour nou- veau. À la différence de Bertrand Lavier, qui donne à voir un skate monté sur socle, ou des objets manufacturés peints par couche, ceux de Wilfrid almendra sont traités à cœur. Ils constituent les éléments d’un langage proche de la nature morte, à laquelle nous préfèrerons dans ce cas, sa dénomination anglo- saxonne « still life ».

Ses pièces récentes approchent plus précisément cette notion en privilégiant l’association de différents objets, formes, matériaux et techniques de con- fection. Dernièrement présentée au centre d’art de Meymac, une grande sculp- ture nous en donne exemple.

Elle se compose d’une grande pelle de chasse-neige formée à partir de plaques d’acier, en équilibre sur deux bûches stylisées taillées dans des billots bois, et contient une marée de gravier déposée en forme d’étoile éclatée au sol. Ses dimensions importantes nous transportent plutôt dans un paysage, mais chacun des éléments reste distinct dans cet enchevêtrement. Ils sont d’ailleurs l’objet de traitements particuliers, révélant une proximité avec les arts décoratifs. La pelle d’acier massive est entièrement sablée à la main, les bûches qui la soutiennent découpées à la tronçonneuse sont veinées aux ciseaux et pigmentées, enfin le gravier modelé fait apparaître une sé- rie de vagues contenues dans un gabarit aux angles aigus. Entre Waimea et les Sables d’Olonnes, les allées du jardin des plantes et les riffs de Monster Magnet, Wilfrid Almendra compose avec les univers qui le fascinent et ceux qui le façonnent.

«VLZ310», une pièce présentée à la Galerie Buy-sellf à Marseille, à des di- mensions plus domestiques. Elle s’articule autour d’un ananas en céramique de cinquante centimètres de haut serti dans un perron de piscine appuyé sur un muret d’acier. Le soin apporté à la composition de cette sculpture témoigne d’un goût prononcé pour la culture pavillonnaire, où de jardins en clôtures, chacun redouble de créativité pour agrémenter son environnement, la diversité des effets allant de l’émail au gel coat en sont autant d’indices.

Le travail de Wilfrid Almendra a cheminé, interrogeant la notion d’objet dans la pratique de la sculpture à travers différentes postures. Avec « Barres Parallèles », un appareil de gymnastique dont les barres font un virage, il détourne un objet au sens propre et figuré ; Avec « piste à ricochet », un bassin sportif destiné à lancer des galets, il crée des usages inattendus, une relation attachante et poétique ; Avec « handcrafted Trow », Il revisite les normes et les process des objets manufacturés, il réévalue les formes

et les produits issus de l’industrie. À travers ses sculptures récentes et l’exploration de ces notions, Wilfrid Almendra mixe sans complexe les réfé- rences à l’histoire de l’art avec l’imagerie populaire et donne à visiter un patrimoine de l’objet commun, vu sous un angle à la fois poétique et distant, chargé d’un optimisme dont notre regard l’avait dépourvu.

Frédéric Latherrade

Commissariat : Frédéric Latherrade

Exposition produite en collaboration avec Zébra3 / Buy-Sellf

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